Finir l’année avec cette citation m’a paru une évidence. C’est une citation « feux d’artifice » !
Pour la plupart d’entre nous, entendre parler du meilleur est synonyme de richesse, d’attention, de luxe, voire de luxure. Le meilleur, c’est ce qu’il y a de mieux ! Comment se permettre de penser au meilleur pour soi alors que l’on prône, par ailleurs, la restriction dans de nombreux domaines… On imagine dans « le meilleur » une forme d’opulence, tout à fait en opposition avec le discours judéo-chrétien.
Mais je regarde de plus près. Pourquoi cette citation interpelle, qu’a-t-elle de particulier ? Avez-vous remarqué l’audace de ce Monsieur ? Oscar Wilde est là pour nous faire sortir de nos convenances. Il associe ce que tout oppose à priori. Il nous fait entrevoir une possibilité tout à fait merveilleuse, une perspective qui nous fait rêver. Une leçon de vie !
Jetons-nous enfin dans la réflexion, car je dévie et je m’égare… Toute à ma joie de voir combien il est possible de faire côtoyer ce que tout oppose en apparence et d’en faire, presque, un poème. En effet, il est question de « simplicité », de « meilleur » et de « se contenter » ! Dans la simplicité on a de la difficulté à imaginer le meilleur. Le meilleur nous parle de ce qui est « au-dessus de »…, loin du monde de la simplicité et pourtant… ! Nous allons creuser et mettre en évidence ce qui, dans cette citation, pourrait presque apparaître comme une sorte de koan à l’européenne. En effet, notre cerveau est troublé.
Continuons à avancer, mais attention nous sommes au bord du renversement ! La suite est encore plus vertigineuse. Deux mots, que tout oppose, se retrouvent en mariage dans la même phrase, dans la même pensée. « Se contenter » et « le meilleur » ! Je décortique, et nous allons bientôt déguster… « Se contenter » suppose de vivre dans la restriction, se contenter, c’est prendre le minimum, le moins bon et de s’en satisfaire faute de mieux.
Oscar Wilde espiègle, libre penseur et audacieux associe « se contenter » avec « le meilleur », autrement dit avec ce qui surpasse tout… donc avec l’excellence ! Il nous interpelle, il nous fait sortir de notre zone de confort intellectuel.
Une fois de plus, certaines femmes et certains hommes ont « une pensée d’avance » et se présentent à nous comme des précurseurs. Se concentrer sur le meilleur, ne nous parle plus de quantité mais de qualité. Un sujet tout à fait d’actualité… En effet, l’époque actuelle ne se contente pas de peu, elle est plutôt axée sur la boulimie de toute sorte et dans tous les domaines. Nous avons une tendance à tout engloutir comme des engoulevents, des morfales... L’indigestion nous guette…
Allons surfons sur la proposition d’Oscar Wilde et laissons-nous séduire par « le meilleur », car le meilleur apporte satisfaction, sentiment de sécurité et de valeur. Le meilleur ne peut pas appeler à plus, il est suffisant, et de ce fait, on peut s’en contenter. Il n’appelle pas à autre chose. Il n’y a rien à convoiter au-dessus du meilleur. Serait-ce cela la simplicité, se recentrer sur soi tout simplement ? Certes, le meilleur est différent pour chacun de nous, il est goût personnel, il est unique, il est multiple, il est incomparable.
Puisqu’il est incomparable et si différent d’une personne à l’autre, s’offrir, se donner le droit au meilleur, c’est se donner la possibilité de sortir de nos comportements basés sur la comparaison. Cela suppose donc, d’avoir une conscience de soi, une conscience de nos besoins réels. Être dans le meilleur pour soi, c’est se sécuriser et se choyer, une sorte de simplicité. La simplicité n’est-ce pas de vivre en se contentant de ce qui nous apaise, de ce qui nous nourrit, de ce qui nous sécurise, s’offrir tout cela est bien le meilleur cadeau que l’on puisse se faire.
Oscar Wilde arrive à nous révéler toute la richesse de ses trois mots : simplicité, se contenter, le meilleur. Trois mots qui s’exaltent les uns les autres lorsqu’ils se côtoient. Oscar Wilde se contente de peu, il demande peu, mais « ce peu » doit être le meilleur et en cela il a des goûts simples. Nous parlerait-il de l’estime de soi, qui n’a rien à voir avec la richesse matérielle mais avec la valeur que nous nous donnons. Nous parlerait-il de se centrer sur soi, de prise de conscience de notre propre valeur qui alors mérite le meilleur. Nous parlerait-il d’arrêter de s’éparpiller dans le regard de l’autre. Nous parlerait-il de s’offrir le meilleur pour être rassasié et éviter de convoiter ce que les autres possèdent. Nous parlerait-il d’être enfin en paix avec soi-même ? Nous parlerait-il de respecter nos goûts quels qu’ils soient ? De nous respecter ? C’est ainsi que j’aime à comprendre et ressentir cette citation.
Une citation pour se donner le droit à une renaissance. S’accorder le meilleur, devient synonyme de se respecter, d’affirmer ses choix, ses envies, ses goûts, de prendre conscience de soi, d’acquérir la liberté « d’être » sans avoir peur du jugement de l’autre. Finalement « se contenter », c’est demander peu mais de qualité, c’est se donner ce que l’on estime correspondre à notre valeur. Aussi, le regard que nous portons sur nous-mêmes va déterminer ce que nous nous donnons le droit de recevoir et de nous accorder.
Une attitude simple, qui ouvre les portes de notre cœur à notre égard et à l’égard de l’autre. Nos choix totalement assumés, semblent être simples puisqu’ils sont les nôtres. Ils apportent une paix intérieure et une paix dans le regard que nous portons sur notre entourage. Une belle opportunité pour se faire du bien et en même temps sortir d’un monde souvent habité par la jalousie.
Oscar Wilde serait-il un visionnaire ? Il nous ouvre une porte vers une forme de sagesse sous forme de pirouette ! Du grand Art.
Oscar Wilde
Écrivain, Romancier, dramaturge, poète (1854 – 1900)
© Alice Duruz - 2019