Je commence cet article en sachant que le sujet est source de controverse. Il est donc inutile de parler des méfaits du port masque, selon certains, en milieu urbain (manque d’oxygène, maux de tête, baisse d’immunité etc..), ni paradoxalement des bénéfices qui lui sont conférés : Celui de nous protéger les uns les autres.
Cependant en tant que professionnelle de la santé, et sachant comment il faudrait utiliser un masque pour qu’il soit efficace et que nous soyons protégés, je reste perplexe quand j’observe son utilisation en ville. Tel qu’il est utilisé par nous tous, le masque est selon moi un leurre total en matière de protection.
En effet, qui peut se targuer de prendre un masque neuf toutes les 4 heures et de ne pas le toucher pendant 4 heures ? Je le vois souvent sortir du sac, de la poche, du poignet, sous le menton… Ensuite c’est en toute décontraction, qu’après avoir mis le fameux masque, nous prenons un transport public !! Se donnant ainsi l’illusion d’être sous protection ! je prends le bus tous les jours, il est souvent bondé, et cette observation est malheureusement quotidienne.
Cependant ce qui m’intéresse est le dialogue. Aussi, parler de l’utilité du masque étant un sujet délicat, ne cherchant à convaincre qui que ce soit, n’ayant aucune étude scientifique à proposer, je préfère me pencher sur ce que révèle le masque de nous, de notre société. L’envie de sortir du discours qui pourrait paraître moralisateur et prosélytiste et voir le masque à travers la symbolique de notre société.
Au final, le masque, nous renvoie à notre paradoxe humain, nous ne sommes plus à une contradiction près… Nous naviguons tous entre une vérité et son contraire. Le masque peut donc être perçu comme un acte citoyen très positif ou très néfaste suivant l’angle de vision.
Aussi, par cette prise de position je deviens aussi bien, observatrice qu’actrice. Je ne souhaite pas entrer dans un discours à discorde, assez entretenu sur la place publique. J’ai envie de quitter cette source de polémique pour voir le masque sous un autre angle. L’angle sociologique, que me dit ce masque sur notre société ?
Je pars d’un principe, une forme de postulat sur lequel je m’appuie pour avancer dans ma vie, celui de prendre la responsabilité de ce qui m’arrive. Cette responsabilité m’évitant de tomber dans l’immobilisme et le statut de victime. A partir de là, tout ce qui m’arrive est juste, est justifié et vient en réponse à une attitude personnelle, à des croyances, à des schémas intérieurs etc…
Maintenant, si je transpose cette vision de la vie à l’échelle sociétale, nous serions tous responsables de ce qui se passe actuellement dans notre société. La peur d’un virus, le port du masque, un manque de dialogue entre les personnes aux opinions divergentes, une forme de mutisme et d’immobilisme de la société, la prise de pouvoir, la peur de s’exprimer, la peur… tout court …etc…
Évidemment, il serait plus simple et surtout plus confortable d’imaginer que la faute de ce qui se passe vient de l’autre. Comme on disait dans mon enfance, par le passé, la cause de tous les malheurs venait des étrangers. Attitude facile qui permet de ne pas se pencher sur soi. Nous pourrions donc continuer à dire que :
- Si le virus circule, c’est que nous ne sommes pas assez attentifs etc..,
- Si nos aînés meurent c’est que nous n’avons pas porté le masque et n’avons pas su les protéger etc..,
- Si les hôpitaux sont submergés c’est que certains n’ont pas été assez vigilants, etc..
Entre culpabilité, peur et angoisse, il est difficile pour beaucoup de personnes de rester sereines et observer la situation avec recul. Comme il est difficile, à l’heure actuelle, d’accepter que tout n’est pas contrôlable et que nous n’arrêterons pas le virus à notre porte, sauf si nous savons nous en défendre.
J’ai envie de faire un petit détour, un parallèle, dans l’histoire de l’humanité. La vie n’étant qu’une succession de répétitions. Les mêmes évènements se répètent sans cesse, tant que nous ne changeons rien à nos comportements ; que ce soit sur le plan individuel ou sur le plan sociétal. Mais revenons à l’histoire avec un grand H et à notre masque !! Ne l’oublions pas, c’est le sujet central. Il nous fait voyager dans le passé, le présent et, je l’espère, nous faire entrevoir un avenir plus joyeux.
J’ai envie de faire un parallèle avec notre histoire, nos châteaux, nos forteresses… et ses assaillants. Force est de constater que les remparts n’ont jamais protégé une population à long terme. Ils n’ont fait qu’affaiblir celui qui s’y était réfugié. Car à terme, c’est le cloisonnement, le vase-clos, le manque de vie qui tuent.
Nous utilisons actuellement le masque, comme un rempart, pour nous protéger les uns les autres, alors qu’une des meilleures protections est une augmentation de notre capacité à nous défendre. Notre meilleure défense est l’augmentation de notre immunité. Ce sont ces défenses immunitaires qui nous ont valu notre existence sur terre. Notre survie sur terre depuis des milliards d’années, vient de notre résistance. La médecine a pris un essor et un relais important avec les antibiotiques, les vaccins et autres médicaments. Je ne peux que le saluer. Cependant avec les mêmes médicaments et les mêmes traitements, nous ne sommes pas tous à égalité. Certains guériront, plus ou moins rapidement, et d’autres pas. Nos défenses immunitaires personnelles font la différence. Nous avons oublié notre pouvoir personnel et notre force. Nous avons oublié nos points faibles à soigner. Nous avons oublié de nous écouter et de prendre la responsabilité de notre santé… entre autres.
Actuellement, notre stress et nos peurs baissent notre immunité et nous rendent encore plus fragiles. Ce virus serait-il venu mettre en évidence notre fragilité ? Nous nous sommes reposés sur la médecine et attendons tout d’elle, comme un enfant dépendant attendrait tout de ses parents. Alors que l’obligation de chacun devrait être de prendre ses responsabilités et d’augmenter sa force intérieure, quel que soit notre état de santé au départ.
Que vient nous dire cette peur du virus ? Serait-elle une opportunité pour aller sonder nos peurs de la maladie, de la mort, sonder le stress dans lequel nous vivons ? Serait-elle une opportunité pour aller se sonder, au plus profond de soi, et observer ce que cette situation révèle de notre fragilité, pour mieux l’aborder, y faire face et la transcender ? Finalement, cette situation, serait-elle l’occasion de faire une introspection ? Serait-elle un révélateur de notre mode de fonctionnement ?
Notre société, reflet de nous-mêmes, est devenue fragile, dépendante, vivant dans la peur. Notre société se comporte comme "une morte" ayant oublié de vivre avant d’expirer.
Et nous, dans tout cela ? Sommes-nous tous les acteurs de cette extinction ? Le stress dû à ce virus, est un stress supplémentaire. Un stress qui s’ajoute à tous les stress vécus depuis des décennies dans toutes les strates de la société. A l’école, dans les familles, en entreprise, tout va vite, c’est une compétition constante, des rapports de force à n’en plus finir. A long terme :
- Cette attitude fragilise le corps et l’esprit,
- Cette attitude fait perdre confiance en soi,
- Cette attitude ne permet plus de faire des choix conscients mais de choix régis par la peur,
- Cette attitude fait perdre pied et rend encore plus vulnérable physiquement et psychologiquement.
Et si notre peur de ce virus, face auquel nous avons oublié que la plus grande défense vient de l’intérieur, était venue nous rappeler que l’humain trouve sa force dans le lien, le rassemblement, l’entre-aide, la joie, la bonne humeur et l’Amour, pour soi et pour l’autre ! Cet amour et cette sérénité se développe grâce à une connaissance de soi, une conscience de soi. Cette conscience de soi passe par l’introspection et un regard lucide sur soi-même. Je pensais vous parler du masque et de ce qu’il pourrait nous révéler de notre société ! Finalement tous "les chemins mènent à Rome", le masque qui viendrait nous protéger, vient nous parler du rempart que nous avons mis depuis longtemps, entre nous et les autres, et qui ne cesse d’augmenter. Il vient nous faire croire qu’il suffit de mettre une protection devant la bouche pour être en paix ! J’ai encore de multiples aspects à aborder au sujet du masque…
© Alice Duruz - 2021